Quelques jours seulement que nous sommes arrivés et nous ne tenons plus en place ! On a tellement hâte de partir à l’assaut du pays qu’on donne RDV à 7h à Uva, notre troisième mousquetaire colombien, et sa copine Marianne, débordante d'énergie et de culture, pour partir en quête de notre première ouverture potentielle ! Mais le réveil sonne et il n’est pas la peine de sauter du lit, … il pleut des cordes ! La météo est folle dans les régions tropicales, les bulletins ne sont pas fiables j’ai l’impression. Donc on tourne en rond, on cherche un plan B oppressés par ce rideau de pluie qui s’intensifie ! On finit par opter pour aller prospecter vers les Eaux Chaudes de Santa Rosa del Cabal, il y a une cascade là-bas qui nous dit bien. On inaugure ainsi le voyage avec le Toyota (sacré bête, vous tomberez amoureux quand vous la verrez !). C’est une sorte de Jeep que Jérôme s’est procuré il y a deux ans mais dont le moteur nous fait bien des misères. Elle a été retapée spécialement pour notre venue mais voilà qu’à peine sortis de Cartago, on se rend compte qu’il y a quelque chose qui ne vas pas : dans son vrombissement impressionnant elle ne peut pas dépasser les 40km/h, et en à peine 20km de trajet elle nous a consommé tout le plein de gaz et finit celui d’essence ! Quelle folie. C’est samedi midi, on cherche un garage en vain dans tout Cartago. Retour au point de départ donc. Mais qu’allons-nous faire ?
La pluie semble se calmer… C’est déjà une bonne chose.
Il faut se faire une raison, la journée est foutue : c’est déjà 15h et à 18h il fait nuit. Donc autant s’en remettre à l’essentiel : assurer la journée du lendemain. Tout ce qu’on veut c’est aller voir une cascade prometteuse !
Voilà comment nous nous retrouvons à bord d’une chivas avec Fredo pour un voyage sur une route cahoteuse qui nous mène jusqu’au village authentique et perché del Cairo, dans la Cordillère Occidentale, à la frontière entre notre département fertile de La Valle del Cauca et celui plus délaissé touristiquement mais tout aussi charmant du Choco. Les Chivas sont des bus à la décoration folklorique qui desservent principalement les villages de campagne. A fenêtres ouvertes, parfois meublés de bancs de bois, les passagers s’installent où ils trouvent de la place : dedans, sur le toit, derrière.. accompagnés de leurs cargaisons des plus hétéroclites : sacs de café, régiments de bananes, volailles... !
El Cairo est entouré de réserves naturelles et les hébergements du village, au style colonial mais vieux de 97 ans seulement, ont une volonté forte de développer l’écotourisme et le tourisme durable. Lorsque nous arrivons, El Cairo en haut de ses 2000m d’altitude est enveloppé de sa douce brume habituelle. Dès le saut du bus, nous sommes accueillis par les gardes de la réserve qui nous indiquent la plus belle cascade que nous pourrions aller prospecter. A une dizaine de kilomètres de piste d’ici, dans les champs de café et les propriétés des Fincas, les fermes qui cultivent souvent café ou bananes, se trouve La cascade de la Trinidad.
El Cairo connait ce soir une ambiance particulière. En plus d’être samedi soir, où se retrouvent sur la place du village différents stands vendant arepas (galettes de maïs), maïs grillé ou petites brochettes de viandes, la méga chiva « PAZ ABORDO » (LA PAIX A BORD) a fait son entrée (photo). Cette chiva est l’initiative d’un groupe de jeunes de Bogota qui, dans la volonté politique nationale d’aller vers la paix, se sont donné un mois pour faire le tour de la Colombie. Ils ont pour objectif de visiter les villages les plus touchés par la violence et de recueillir des témoignages des populations locales à l’oral, à l’écrit ou même des dessins illustrant cette période haineuse qui doit cesser.
Le soir même nous nous retrouvons à un débat accompagné de courts métrages dans la cour de la plus belle bâtisse au style colonial du village.
Demain nous attends la prometteuse Trinidad !