Ca y’est on craque ! On n’a pas passé plus d’un jour à Cartago qu’on a besoin d’escapade. Nous sommes en train de ranger notre beau local à matos, dans la cour intérieur de chez Estella. Tout est classé, ordonné, suspendu, plus aucun de nos 8 sacs de matériel ne jonche le sol et surtout tout brille ! Et là je retrouve Fredo à genoux par terre, un foret dans chaque main, implorant de pouvoir les utiliser ! Le soleil se couche, c’est trop tard pour faire quelque chose aujourd’hui, mais j’appelle Uva et en un rien de temps on n’organise pas seulement le lendemain mais les jours qui suivent !
Le lendemain nous chargeons notre brave mule de Toyota à 6h du matin pétante et nous mettons en route pour Los Micos, une autre découverte de Jérôme qui se situe au début de la Cordillère Centrale, à 30 min de Cartago, et qu’Uva propose en niveau 2 pour les clients.
Toyota va bien, il nous fait juste une panne dans la grande côte mais redémarre au poil. Nous avions prévu le plein de gaz, qui descend à une vitesse vertigineuse mais qui nous fait avancer tout de même. Uva et Marianne nous guident eux à moto.
Nous sommes accueillis à Los Micos par une charmante petite tortue qui trouve son chemin dans la bouillasse remuée par les sabots des chevaux.
Une toute petite marche d’approche très facile nous mène rapidement en haut de l’enchainement de cascades des Micos, un canyon encaissé non pas par les parois mais par la végétation prédominante qui y pousse. Il fait tellement chaud et il pleut tellement en ce moment que même Uva avait du mal à le reconnaitre : la végétation prends le dessus sur les cascades, habitée par un iguane qui en profite pour faire coucou à ses visiteurs ! Encore heureux que le bruit de l’eau est là pour nous guider.
La roche ici n’est pas vraiment bonne. Il s’agit d’un conglomérat de basalte un peu foireux et qui n’inspire pas vraiment confiance. Nous descendons donc principalement sur les arbres, hors mis un relais intermédiaire que Fred se fait un plaisir d’ajouter à la grande cascade (25m) pour éviter un gros frottement de la corde, mais qui impose une technique supplémentaire pour notre novice Marianne. Fred est euphorique : le perfo marche tellement bien !
Nous quittons tant bien que mal le canyon, la sortie est méconnaissable, mais le maniement ingénieux de la machette par Uva nous sors efficacement de là, en hachant tout ce qui est envahissant, et en prenant soin d’épargner la belle « fleur de la jungle », d’un rouge flamboyant et d’une délicate élégance dans cette palette chaotique de verts.
Nous prospectons la cascade voisine de La Andréa, haute d’une soixantaine de mètres, équipée également par Jérôme. Mais hors mis cette grande cascade et la belle vasque dans laquelle elle tombe, rien en amont, rien en aval. Le fleuve de la Vieja dans lequel se jettent ces deux affluents est descendu par des balsaje, d’ingénieux radeaux qui permettent aux touristes de flâner sur le fleuve et pour nous, un nouveau moyen de repérer les cascades invisibles depuis la terre ferme ! On garde cette technique de prospection sous le coude.
Uva et Marianne ne peuvent pas vivre la suite du road-trip avec nous. Aussi nous allons battre de nos propres ailes tous seuls, Fred et Moi, sans notre Passe Partout. Fredo a bien préparé son travail de repérage : sur les prochains jours qui suivent nous avons 4 cascades à aller voir dans le secteur de Salento. Et oui parce que, comme les cartes ici n’existent pas, il faut se rendre sur place pour voir s’il s’agit d’une cascade ou, dans notre intérêt, d’un enchainement de cascades ou d’un encaissement ! Salento est un village à l’architecture coloniale perché à 2 000m d’altitude, dans les contreforts du volcan du Tolima (5215m), volcan que nous n’avons pas eu la chance d’apercevoir dans la brume constante qui règne en cette fin de saison des pluies. A 1h30 de route depuis Cartago, pour les voitures normales, ce petit village est devenu en moins d’une dizaine d’années une destination touristique majeure. Les sportifs viennent voir la Vallée du Cocora et accèdent au Volcan, ils se baladent à cheval ou à vélo, ils visitent des Fincas de Café et admirent l’architecture coloniale. Le tourisme de masse lui se satisfait des restaurants et de la rue des boutiques !
Nous partons vers Salento une heure avant le coucher du soleil. Nos amis sont un peu inquiets : les phares du Toyota ne marchent qu’un coup sur deux.
L’orage gronde, le ciel noir écrase les cultures de bananiers qui s’étendent jusqu’à l’horizon. Notre cher Toyota a du mal à digérer son plein de gaz et nous progressons à coup de lance flamme vers Salento. Dans la nuit tombée, nous arrivons sans gaz et sans lumière mais nous voilà nous aussi perchés à 2 000m d’altitude, fin excités à l’idée de ces explorations à venir !