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Scellement en milieu tropical

Note d’avant garde : Article pour les spécialistes du canyon. Pour les autres, vous allez certainement vous perdre dans le jargon mais vous pouvez toujours vous initier !

Nous sommes ravis car nous avons trouvé outre Atlantique de l’AnchorFix2 dans une boutique de bâtiment à Cartago même !

En quittant la France nous étions assez abattus du fait que la commande la plus importante que nous avions faite n’était pas arrivée. Aussi sommes-nous partis sans le lot de résine prévu pour sceller plus d’une centaine de broches qui représentent à elles seules une valise entière. Hors sans résine, elles ne nous servaient strictement à rien, et les 60€ de kilos superflus non plus !

On peut se dire : Mais quel emmerde de sceller sur une Expe ! A quoi bon ? Peut-être, mais contrairement aux goujons, le scellement sera mieux réparti dans notre basalte, en cas d’une densité inégale de la roche. Il résistera plus aux passages, nécessitera moins de contrôle et, argument supplémentaire trouvé une fois sur place : on se le fera pas piqué. L’équipement MMS de Jérôme a quant à lui déjà disparu !

Chevilles chimiques Hilti

Quelques heures avant notre vol, nous courrons désespérément dans Barcelone avec un collègue spéléo de Jérôme bien calé sur le sujet à la recherche désespérée d’emmener le précieux produit sur l’autre continent, où Jérôme nous affirme qu’il est inexistant. La belle affaire. Nous nous retrouvons chez Hilti, renommée dans le sujet. La boutique nous vend 20 ampoules de résine en sachet plastique, une grande nouveauté, « ultra pratique », selon le vendeur : « ce sont les ampoules en verre en 10 fois mieux, incassables, pour la modique somme de 70€, avec la TVA ! ». Ça nous crève le cœur mais, c’est mieux que rien. Donc on prend au moins ça, pour essayer.

Finalement à Cartago on cherche quand même, malgré les mauvais présages de Jérôme. Et on trouve deux produits de marque qui correspondent tout à fait à notre demande : des cartouches d’AnchorFix2 et des boites de Sikadur31. Je m’étais faite aux ampoules en verre. Ces deux produits sont moins pratiques mais on est tellement ravis de trouver de la résine sur place que feu, on prend trois cartouches d’AnchorFix2, un pistolet, et Banzaï pour brocher le Salasar, la course commerciale préférée de Uva.

Le jour 1 du scellement a été un chaos total et le Salasar se retrouve être une vraie école de scellement ! Des amis d’Uva, un Français Mael et son amie Argentine Isa, profitent de l’occasion pour se greffer à la sortie et faire leur premier canyon. Nous les emmenons avec plaisir. Luna, notre fidèle chienne canyoniste est aussi de la partie.

Nous partons gonflés comme des coqs, bien contents d’aller faire notre action de rééquipement et de pouvoir ouvrir les portes du canyon par la suite. Notre stratégie est la suivante : n’ayant pas de buses supplémentaires, nous prévoyons d’utiliser les cartouches pour les points rapprochés et les ampoules pour dépanner les points isolés. Ça parait judicieux ?

Le premier rappel étant le plus isolé, Fred perce les trous et file percer la suite, accompagné de Isa et de Mael, pendant qu’Uva et moi utilisons les ampoules. Petit imprévu numéro 1 : les ampoules pour fixer un relais chaîné c’est pas le top. On aurait pu le prévoir : on ne peut pas faire pivoter la deuxième broche comme voulu. Je me lance dans la démonstration de la pose d’ampoule, et je vois le vendeur en flou comme dans un rêve dans ma tête : « c’est 10 fois mieux que les ampoules en verre, c’est incassable ! ».

Uva enfonce la deuxième broche à grands coups de marteau

C’est tellement incassable que c’est un flop : le plastique a bourré l’ampoule tout au fond sans jamais se percer. Quand enfin à coups de marteau j’ai réussi, il est un peu revenu à la surface mais rien de bien convaincant. Je décide donc de faire une entaille dans la deuxième ampoule pour y insérer ma deuxième broche : ça fonctionne un peu mieux mais ma marge pour faire pivoter la broche est trop petite. On l’enfonce donc comme ça à coups de marteau. En 5min le scellement avait déjà pris, le plastique ressort c’est dégueulasse. On descend sur les anciens amarrages et on rejoint Fred à la grande cascade.

Les 4 trous sont prêts. On se réjouit de pouvoir utiliser les cartouches et plus ces ampoules de m***. Uva met l’AnchorFix2, je mets les broches. Les deux points de la main courante sont niquels, mais quand j’arrive aux points du relais : surprise ! Ca a déjà pris ! Impossible d’y enfoncer quoi que ce soit, même à coup de marteau, j’en reviens pas, il s’est à peine passé 1 minute.

Les gars sont déjà en bas, j’entends le perfo battre de son plein, Fred s’éclate ! Mais pas Uva, que je vois galérer dans la vasque avec le pistolet … qui visiblement ne fait plus effet. La chiotte, le scellement avait déjà pris dans la buse, le temps de sa descente en rappel. Et en forçant, le malheureux pistolet habitué à la silicone tout molle n’a pas résisté. On capitule et on reprend ces ampoules que finalement je trouve pratique à nouveau. Même opération que précédemment, on fait une entaille, on y insère la broche, et on frappe généreusement à coup de marteau avant que ça prenne, c’est que ça prend vraiment vite ! L’opération est un peu plus concluante que la précédente, mais à refaire on aurait dû tenter le tout pour le tout avec cette ampoule et la vider comme un tube de dentifrice dans l’orifice. C’est pas très protocolaire mais je suis certaine que ça serait grandement plus efficace (conseils de Jérôme).

Nous poursuivons. Il nous reste 7 points à poser avec deux ampoules, une cartouche entamée et une pleine mais plus de pistolet. On désescalade les ressauts où on s’est fait piqué les MMS, on les équipera plus tard. On décide de prioriser la dernière cascade avec nos ampoules. Fred a déjà percé les trous mais le temps est contre nous, il faisait très lourd et l’orage éclate, impossible de sceller dans des trous mouillés. L’eau monte a vu d’œil, nos débutants descendent pas à pas sous une gerbe d’eau grandissante, Luna s’affole, les éclairs éclatent partout autour de nous, dans des vacarmes foudroyants. Nos trous sont noyés. Alors on détale, … mais on reviendra !

Nous revenons donc après avoir avoiné le pauvre vendeur comme des Français pour ce pistolet inadapté et cet AnchorFix qui prend à la vitesse éclair. Après réflexion, c’était écrit sur la notice : Attention, à plus de 25°C, le scellement prend en moins de 5min.

Au deuxième passage, nous reperçons les trous où la colle a pris trop vite

Nous troquons ce produit peu pratique contre un produit encore moins pratique : le SikaDur31, à mélanger à la petite cuillère. J’ai un vague souvenir comme quoi c’était galère et qu’on y passait une plombe pour sceller. Et finalement il ne faut pas rester sur ses aprioris et il faut s’adapter ! Je suis satisfaite de vous dire que ce fût un succès ! Les mélanges ont été faits selon les doses, 2 pour 1, et avec précaution. Ce coup-ci ni coup de chaud ni coup de flotte : le scellement nous a largement laissé le temps de le poser, nous avons pu terminer tranquillement notre travail et revoir l’ancien : le relais de la première cascade n’a pas pris. Les broches ne sont pas sorties mais elles bougent. Plus dans l’espoir que face à la réalité, nous n’avons pas prévu de prendre la scie à métaux pour tailler un de nos précieux relais, donc ça sera la dernière action à faire avant d’ouvrir officiellement les portes du Salasar.

Le scellement au SikaDur31 est bien plus adapté au milieu tropical

J'espère que cette expérience sera bénéfique à tous. Nous n'avons pas pensé par exemple à refroidir la cartouche d'Anchorfix2 pour ralentir le processus, et autres petites astuces qui rendent l'équipement plus facile!

Bilan des courses : les 5 cascades du Salasar sont équipées avec trois scellements différents, pour un canyon école en milieu tropical … on ne peut pas rêver mieux !

Sur ce, les gars font la navette en moto. Avec tout ce chargement, on s'économise les 2h de marche sous le cagnard. Oups.. un manque d'organisation encore : où sont restés les casques?

La navette en moto, l'idéal pour faire sécher les vêtements trempés!


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